mardi 14 janvier 2025

Un conte bizarre

 C'est une drôle d'histoire que j'avais commencé à écrire pour mes petites filles il y a déjà quelques années et que je n'ai jamais vraiment terminée.


Tableau réalisé pour ce conte, avec des images (fond et personnages),générées par une IA  sur le site 123 RF, en fonction de mes instructions. 

Pour le chêne avec des feuilles en forme  de pages  colorées, l'es différents sites d'IA que j'ai consultés, n'ont pas compris ma demande, quelle que soit la façon dont je la tourne

*

Les facéties de madame Grindolin

Un jour, dans une forêt tout ce qu’il y a de plus ordinaire, en apparence du moins, un lapin géant, qi marchait sur ses deux pattes arrière comme un humain, rencontra une petite fille minuscule. Lui, avait la taille d’un homme adulte, genre un mètre soixante-dix-huit, elle mesurait tout juste trois centimètres Il faillit l’écraser tellement elle était petite mais heureusement, comme chacun le sait, les lapins sont doués d’une excellente vision. Cela et le fait que la fillette eut si peur qu’elle cria très fort ! Si fort en dépit de sa toute petite taille, que le lapin, qui s’appelait Hector, soit dit en passant, en sursauta de surprise et s’arrêta net ! Juste à temps !
- Quel est donc ce drôle de bruit ? Couina-t-il sur le qui-vive.
Il regarda par terre et vit une espèce de bestiole qui gigotait désespérément, plus grosse qu’une coccinelle, moins grande qu’un papillon. Il s’avisa qu’en tout, tout, tout petit, ça ressemblait à s’y méprendre à un de ces enfants d’humains comme il en croisait parfois avant que….
Il se baissa et prit précautionneusement l’être minuscule entre ses pattes, pour le regarder de plus près. C’était une petite fille très mignonne, avec des yeux bleus, autant qu’il put en juger, Elle avait de longs cheveux blonds tout bouclés et portait une robe rouge. Elle tremblait comme une feuille. Se pouvait-il que…
Sans réfléchir d’avantage, et conscient toutefois qu’il risquait de lui faire peur il lui parla de sa plus douce voix. Il fallait qu’il sache !
-Qui es-tu ? lui demanda-t-il.
Elle ne sembla pas comprendre et se recroquevilla dans les poils de ses pattes. Bien sûr réalisa-t-il, ses deux longues incisives de rongeur rendaient son élocution difficile ! Et puis il ne parlait pas depuis longtemps. Il s’appliqua donc et redemanda doucement :
-Qui es-tu ? Moi, c’est Hector !
-Je.. je m’appelle Lise, bégaya l’enfant. Je suis une petite fille !
-Ça, je l’ai bien vu ! Mais seulement parce que j’ai de bons yeux hein D’habitude, celles que je rencontre sont bien plus grandes que moi, tu dois le savoir ! Que t’est-il arrivé dis-moi ?
-U…une sorcière ma fait boire une potion et d’un seul coup, j’ai rétréci, rétréci jusqu’à…
-Je vois, je vois…
-J’avais si soif… je m’étais perdue… J’ai vu la jolie cabane dans une clairière… j’ai frappé à la porte…. Une vieille dame m’a ouvert.. Je lui ai demandé mon chemin et à boire. Elle m’a fait entrer. Je ne me méfiais pas, elle avait l’air si gentille…. Elle m’a donné un grand verre d’eau ! J’avais si soif que je l’ai bu d’un trait et…Voilà !
-Je comprends, je comprends… Toi aussi tu as rencontré madame Grindolin
-Parce que tu la connais ? Oh bien sûr ! Que je suis bête !
-Je la connais oui ! Je faisais partie des lapins de son clapier ! Un jour, elle m’a fait manger des carottes très spéciales…et voilà ! J’ai grandi, grandi et depuis, je parle aussi comme tu peux l’entendre ! Écoute Lise, je sens bien que tu as très peur de ce qu’il t’arrive mais il faut vraiment que tu voies le résultat surprenant de toutes les facéties de madame Grindolin ! Tu veux bien ?
-D’accord Répondit la fillette.
Il la posa délicatement entre ses oreilles.
-Agrippe-toi bien, on y va !
Tout en continuant à se raconter leurs mésaventures grindolinesques, ils partirent dans la forêt, à la rencontre des autres hôtes étranges qui la peuplaient. Au détour d’un sentier bordé de hautes fougères, ils tombèrent sur deux chats noirs en costume rouge à pois blancs, comme les champignons vénéneux vous savez ! Les…les amanites phalloïdes. Ils étaient tranquillement assis sur un tronc moussu et bavardaient gaiement de la pluie et du beau temps.
Un peu plus loin, ils croisèrent un loup vêtu d’un long manteau de laine, d’un bonnet rouge et d’une écharpe assortie. Il était en train de boire un chocolat chaud avec une paille, en compagnie d’un mouton vert en smoking, nœud papillon et haut-de forme.
Lise ne put s’empêcher de rire !
-Qu’ils sont drôles ces deux-là, s’esclaffa-t-elle !
-Je dirais plutôt, bizarres moi ! Ils n’étaient pas là hier eux !
-Ah bon ? Et les deux chats rouges ?
- Mick et Mouse ? Ils sont comme ça depuis trois jours ! Hep, Lança-t-il aux buveurs de chocolat, vous êtes qui ?
-Moi c’est Herbert dit le loup.
-Et moi, Léonard, Répondit le mouton, un léger reste de bêlement dans la voix.
-Madame Grindolin  je suppose, demanda Hector. Depuis quand, et comment ?
-Hou hou hou, fit le loup rigolard, c’est arrivé hier à la tombée de la nuit. Elle m’a eu par surprise, en m’appâtant avec Léonard, son mouton de compagnie. Elle lui avait enduit la toison d’une huile tellement alléchante que je n’ai pu résister. Bon sang, il était déjà assaisonné, je n’avais plus qu’à le manger ! Je suis arrivé comme je sais le faire, à pas de loup… l’enclos de Léonard était ouvert. J’ai bondi sur ma proie…Á peine avais-je entamé la peau de son cou, que nous étions instantanément transformés en ce que nous sommes à présent, deux inséparables amis !
-Bê…ê oui, Bêla le mouton, les meilleurs amis du monde ! Et j’adore mon costume !
Ils poursuivirent leur chemin. Lise allait d’étonnements en surprises.
Ici, un hérisson rose laineux sur une balançoire fleurie ; là, un écureuil tout bleu, chantant la Traviata. ; là encore, une biche en robe de soirée argentée dansant la valse aux bras d’un Renard-Charmant en pantalon noir et queue-de -pie blanc !
Un peu plus loin, ils papotèrent amicalement avec Balthazar, le sanglier bizarre, que la sorcellerie joueuse de madame Grindolin, avait peint en jaune citron. Pour couronner le tout, il était affublé d’une crête violette de dinosaure et d’une queue touffue de chat angora, une queue superbe au demeurant, aux couleurs de l’arc-en-ciel. Assis au pied d’un immense chêne violet dont le feuillage était composé de morceaux de papier coloriés comme par de malhabiles mains d’enfants, Balthazar sirotait son thé en mangeant une banane orange.
Ils déclinèrent son invitation et repartirent à travers la forêt. Ils y firent encore des tas d’étonnantes rencontres ! Madame Grindolin s’était vraiment lâchée !


Vous amuseriez-vous à me mettre en commentaire d'autres étranges rencontres qu'aurait pu faire Lise ? 

jeudi 9 janvier 2025

Tamalou Bobola


Pour chacune et chacun d'entre nous, le sablier du temps s'écoule inexorablement et celui-là, impossible de le retourner pour que ça s'écoule dans l'autre sens ! Vaut mieux pas d'ailleurs parce que quand on redevient môme c'est que le ciboulot commence à décaniller grave !

Or, vous  le savez peut-être, plus on avance sur le chemin de la vie, plus on se rapproche du club des "Tamalou Bobola".. La carte de membre y ressemble fort à la carte vitale !
Combien l'ont déjà rejoint ce fameux club  au sein duquel les affiliés  échangent  les dernières nouvelles de leur santé ? 
Parce qu'hélas, si les problèmes de santé n'attendent pas le nombre des années, ils prennent plus d'importance dès qu'on passe un certain cap !  Et  pas besoin que ce soit le Cap Horn, croyez-moi !  Comme je le dis souvent à mes petites filles qui en sont encore loin de ce foutu cap, "C'est pas beau de vieillir ! "
Bien sûr, nous ne sommes pas obligatoirement tous égaux face au "péril de l'âge" , certains résistent mieux aux coups de vent, mais fatalement, que nous le voulions ou pas, à un moment ou à un autre, nous entrerons dans la joyeuse confrérie des "Tamalou Bobola" ! 
Vous en doutez ? C'est pourtant la vérité !
Pour en avoir la preuve, il suffit d'écouter autour de vous, dans la famille, chez les amis, en faisant vos courses, les propos habituels des personnes d'une certaine tranche d'âge. Des gens pas forcément très vieux mais pas non plus de la toute première jeunesse !
-Comment ça va ?
-Oh, ça va mais ça pourrait aller mieux ! Je sors de chez le médecin
-Et ?
-Mes analyses ne sont pas très bonnes . J'ai trop de ci, pas assez de ça ! Et toi ?
- Ben moi j'ai...
 Et là,  je vous lance la chanson des :
 "Tamalou Bobola"

- T'as mal où ?
Bobo là !
Mal au cou, 
Mal aux bras
Dos cassé,
L'estomac
Tout vrillé
J'fais du gras
Trop mangé !
Cœur en vrac 
qui breloque,
Tout patraque
comme un' loque.
Dans les doigts 
J'ai d'l'arthrose
Et le foie 
Tout morose.
J'ai du bide
C'est la poisse
Je me ride
Quelle angoisse !
J'y vois  guère
Sans lunettes
Et j'digère 
Plus les blettes.
J'ai paumé
Mon dentier
Pour manger, 
C'est pas l'pied !
Je n'entends 
Qu'd'une esgourde
L'autre étant
Dev'nue sourde.
 Eh Dédé
T'as mal où ?
J'ai capté
Mais pas tout !

©A-M Lejeune

samedi 28 décembre 2024

Des façons de dire...

 Il y en a plein qui diffèrent selon les régions , les époques, les tranches d'âge...
Hier soir en regardant échappée belle dans le Quercy, j'a appris que l'expression populaire "A la revoyure", date du Moyen-âge.
Pour ma grand-mère maternelle, le verbe "Espérer" revêtait son vrai sens premier qui veut dire attendre, ainsi, quand elle marchait avec maman  qui marchait trop vite pour elle, elle ne disait pas "Attends moi !" mais "Espère moi !". 
Est-ce la région bretonne qui voulait ça ou plus simplement, ma grand-mère continuait-elle à utiliser une vieille façon de parler de  son enfance ?
Il fut un temps où on utilisait plus "A vous revoir !" que le simple "Aurevoir!" qu'on dit de moins en moins au profit de  "A plus". Même le  "Ciao !" qui vient de l'italien ou le "Bye" !" issu de l'anglais, sont passés de mode.!
Du coup le "A tantôt" que j'entends parfois encore, semble vraiment désuet !
Quand nous approchons de la fin de l'année, j'ai pour habitude de souhaiter à chacune et à chacun une "Bonne fin d'année !", or, dernièrement, nous avons reçu un gentil message des propriétaires du camping où nous passons nos vacances, à Bédoin, au pied du Ventoux. Ils nous souhaitaient un joyeux Noël et un "Bon bout d'an" facile à comprendre mais pas utilisé par chez nous. Il semblerait que ce soit plus typique du sud de la France.
Dans la blogosphère gravitent des blogueurs et blogueuses de toute la France mais également de Belgique, du Québec et peut-être aussi d'autres pays francophones alors il doit y en avoir pléthore des expressions typiques !
Je crois que personnellement, ça m'amuserait beaucoup d'en découvrir quelques unes de "par chez vous"
En "espérant" de vos nouvelles, je souhaite à chacune et à chacun, du fond du cœur, un "Bon bout d'an"
Bisous

samedi 21 décembre 2024

Lettre au Père Noël

 Cher petit Papa Noël de mon enfance

Pour te dire mes souhaits, je pourrais ressortir toutes les vieilles lettres que je t'ai déjà écrites parce que mes souhaits demeurent les mêmes d'année en année;
Comme pourrait le faire une enfant capricieuse, je ne dis jamais "Je veux !" en tapant du pied mais plutôt et très humblement, je voudrais tant.
Je voudrais tant qu'autour de moi, les gens que j'aime et même ceux que j'aime moins ou pas du tout, soient heureux et vivent décemment du fruit de leur travail. Qu'ils n'aient pas sans cesse à tirer le diable par la queue pour  s'en sortir, ce serai bien !
Je voudrais tant que disparaissent les angoisses permanentes qui m'empêchent de dormir. Tu me connais Père Noël, je me fais toujours du souci, pour mon mari, mes enfants, mes petites-filles, ma famille, mes amis(es) pour moi aussi parfois. Je n'ai pas les épaules si larges et je ne suis plus aussi solide qu'avant. Aide moi s'il te plaît, à garder intacte ma force d'amour, car c'est elle qui a toujours compensé mes autres défaillances physiques et morales.
Je voudrais tant que le Monde recommence à tourner rond, que cessent ici et là les conflits sanglants qui le déséquilibrent . Quand un feu de guerre  s'éteint quelque part, un autre s'allume ailleurs ! Il est usé notre pauvre Monde.
Je voudrais tant qu'il n'y ait plus de misère, que chacun puisse manger à sa faim, se soigner, vivre dignement. Il n'y a hélas pas partout sur la Terre, les restos du coeur pour subvenir aux repas quotidiens des plus malheureux. Trop de pauvres sur notre planète. trop  d'enfants qui naissent et n'ont d' autre avenir que la pauvreté, la faim, le manque de tout ! L'abîme est si profond entre ceux qui ont tout et ceux qui n'ont rien !
je vais arrêter là cher Père Noël, ma liste de souhaits serait trop longue et tu vas déjà en avoir beaucoup à lire ! Il y a tant à espérer pour chacun d'entre les enfants  de la terre, qu'ils soient petits ou grands.
Comme chaque année, je te redis "Je voudrais tant !". J'espère et j'essaie d'y croire encore.

jeudi 19 décembre 2024

Un texte sans verbe

Avez-vous déjà tenté d'écrire un texte sans aucun verbe, pas même un participe passé ou un participe présent !
Vraiment aucun de chez aucun verbe !
Aimeriez-vous essayer ?
Personnellement je m'y suis déjà amusée ! Guère facile comme exercice mais u sacré défi à relever !
Voici un exemple que vous avez peut-être déjà lu 

***

EXIL (un texte sans verbe)

Un texte sans verbe ? Bon sang de bois quelle idée saugrenue ! Comme un ni oui ni non quoi ! En somme, le piège absolu pour une tête en l’air telle que moi ! À l’impossible nul…oupsssss ! Stop ! Bourde à l’horizon ! Juste à temps ! À mon front, la sueur froide de l’angoisse : celle de l’échec à peine au début de la tentative ! Bon ! Courage  ma vieille ! Hauts les cœurs, haut la plume ! La fuite ? Inenvisageable même face à un défi de cette envergure.
PRIMO : dépeçage de l’abominable décret.
Premier point - d’exclamation assurément – le point noir pour un écrivain : pas de verbe ! Aucun ! Interdiction sur toute la ligne ! Sur toutes les lignes en fait ! Adieu passé, présent, futur et autres temps de la conjugaison française désormais interdits dans ce monde imparfait ! Imparfait, oui, sans le verbe, cet idéal agent de communication : riche, varié, expressif, vivant témoin de l’incroyable richesse de notre langage… incontournable !
Eh si justement, contournable cette fois ! Obligatoirement contournable. Actif, passif, pronominal, transitif ou intransitif ? Pour tous le même oukase : un terrible et inique bannissement de la page. L’hiver blanc de l’exil sibérien pour des milliers de verbes innocents. Bâillon oppressif sur leur bouche glacée. Muets les verbes, MUETS ! Quel inacceptable manquement à la liberté d’expression !
Droit à la liberté conditionnelle ? Même pas ! Foutue intransigeance de cette Loi, évidente invention d’un esprit particulièrement retors. Aucun pardon de ma part pour ce foutu Machiavel pondeur de défi irrelevable. Irrelevable ? Pas sûr mais bon …
Deuxième point - d’interrogation celui-là – visa de circulation pour le participe passé dans sa forme adjectivale ? Quesaco exactement ? Après lecture attentive de l’explication et toujours dans le doute au sujet de cette forme adjectivale singulière de notre brave et pratique participe passé, voici ma réponse définitive : évitement ! De cette façon au moins, pas d’erreur possible, ouf !
Troisième point- de désolation cette fois- Inconnu au bataillon linguistique ? Tant pis ! La sacro sainte règle du nombre minimum de signes ! 2000, rien que ça ! Encore des suées froides en perspective avec un rébarbatif comptage à la clé ? Non tout de même ! Merci Microsoft Word pour ton efficacité ! Pas toujours vrai mais là …
SECUNDO : rédaction de l’improbable et difficile défi. Mais bon, normal pour un défi ! Pour le coup, très court le secundo ! D’accord, pas vraiment !
Check-list : pas de verbes, OK ! Nombre de signes : OK ! Pas de fautes ? Relecture minutieuse…quelques minutes d’attention soutenue…Points de suspension nécessaires ! Important l’orthographe ! Pas de fautes : OK !
TERTIO : publication imminente de l’exercice facétieux, euh…fastidieux, toutes mes excuses pour ce jeu de mots approximatif !
QUARTO enfin : une dernière question, à quand un texte cent verbes ?
Mais pour l’heure, quelques signes supplémentaires d’indignation pour ces pauvres interdits de séjour : liberté, liberté, liberté !



***

En voici un deuxième éc posté sur mon blog Ekla

Balade nocturne

 Cheminement tranquille sous la lune, l’astre sans voile, ma muse, mon amie. Mon pas sûr et serein en dépit de la nuit. Douceur estivale de la balade  sur le sentier un peu cahoteux sous mes pieds. Rien de mystérieux, rien de mauvais  dans l’ombre. Ni fantômes sous leurs blancs linceuls, ni monstres cruels, ni sorcières au rire démoniaque. Juste la plaine sous les rayons opales de Séléné et de chaque coté du chemin, les hautes silhouettes  protectrices  des arbres, mes amis de toujours.
  Là-bas, comme un phare dans l’obscurité, le clocher séculaire de la petite église de mon enfance. Et puis, à la lisière du village, mon rocher, mon île, mon nid de tendresse, ma maison-lumière.
 Battements paisibles de mon cœur débordant d’amour pour les habitants  de ma chaumière. Mon mari si compréhensif pour le besoin récurrent d’un peu de solitude, de sa rêveuse invétérée. Mes deux enfants sûrement déjà à bord de leur vaisseau des songes  à cette heure tardive. Ô mon havre de tendresse ! Ma vie sans vous ? Impensable, impossible ! Un désert aride !  Soudain, une racine traîtresse ou une ornière facétieuse…
Chute brutale en avant ! Le bruit de mon crâne sur une pierre ! Quel choc ! Perte de conscience miséricordieuse !
 Combien de temps ?  Réveil  pénible, froid intense...Le goût du sang dans la bouche…
 Mal à la tête, au cœur…Le vacarme d’un millier de cloches dans ma boîte crânienne douloureuse. Ma vue ? Très trouble ! Plus de force ! Énergie zéro ! Dans quelques minutes, quelques secondes même, une nouvelle perte de conscience, fatale cette fois ! 
 Pourquoi cette affreuse certitude ? Bien plus qu’une intuition, un diagnostique probable : fracture du crâne ou à tout le moins, sévère traumatisme. Et le pire sans un secours urgent, la mort, là, seule, dans la nuit, sur le chemin, sous le regard moqueur de la lune !
 Inquiétude de mon mari ? Que nenni ! Pas avant deux bonnes heures. En cause, sa parfaite connaissance de mes habitudes lors de mes périodes dépressives. Après le repas du soir et les bisous aux enfants dans leur lit, longue promenade nocturne en solitaire ! Évacuation du stress puis retour tranquille auprès de l’époux  indulgent !
 Pas cette fois…pas cette fois… Dernière pensée cohérente avant l’évanouissement, le coma, la fin !
 L’appel des ombres de l’au-delà…Le fameux tunnel de lumière…Non, non, non ! Refus total, désespéré.
 Une voix près de mon oreille, douce, tendre, implorante.
            « Chérie, chérie…»
 Une main  sur la mienne. La chaleur bienfaisante d’une couverture sur mon corps…Un masque à oxygène sur mon nez, des tuyaux… Un balancement bizarre. Le bruit d’un moteur… Le hurlement merveilleux d’une sirène. Ambulance… Hôpital.  - Les…les enfants… Ma voix, un croassement…  - Chez ma mère. Chut mon amour, pas d’inquiétude !
            Merci, merci, merci ! 
 Une certitude, désormais plus de balade nocturne en solitaire, même sous la clarté de la pleine lune !

lundi 9 décembre 2024

La boutique de rêves fous


Poème écrit pour Mamé Mo ,une amie disparue qui avait offert cette image à mon inspiration

 La boutique de rêves fous


Entrez, entrez dans la boutique,

Le magasin de rêves fous…

Ouvrez la porte, c’est magique

Et puis entrez à pas de loups…


Il ne faudrait pas réveiller

La chatte qui tranquille, bulle,

Ni dans sa toile déranger

La grosse araignée funambule


Dans de jolis pots alignés,

Du bon enthousiasme artistique

N’attend plus que d’être emporté

Par des acheteurs dynamiques


C’est garanti produit local

De qualité exceptionnelle !

Même le plus petit bocal

Pour un an vous donne des ailes !


Si dans vos greniers vous avez

Quelques rêves brisés d’enfance

Ici on peut les réparer

Avec amour, avec patience.


Aux passionnés de jardinage

Comme nous l’avions annoncé

Nous vous confirmons l’arrivage

Des nouveaux grains de liberté


Évidemment, en cas d’absence

Le magasin n’est pas ouvert !

Téléphonez s’il y a urgence

Ou revenez plutôt hier


A-M Lejeune

5-07-2018


 

vendredi 18 octobre 2024

Ma pomme

Je suis loin d'être une grosse légume ! Si ma vie était un film, ce serait un vrai navet . Je n'ai pas un radis d'avance ! Faut dire que je bosse pour des queues de cerises ! Je m'échine à mi-temps dans une conserverie où je trie petits pois et carottes sur un tapis roulant. L'oseille c'est long à gagner et vite à perdre !
Avec ça je vais vous dire, les emmerdes, c'est toujours pour ma pomme !
Pas plus tard qu'hier, j'avais la banane en faisant le poireau à la sortie du taf de mon petit chou d'amour qui s'appelle Françoise mais que j'appelle framboise, quand deux malfrats me sont tombés dessus à bras raccourcis ! Et paf, je me suis pris une volée de marrons en pleine poire ! Estourbi, je suis tombé dans les pommes. Quand je suis revenu à moi, réveillé à coups de gifles par une grande asperge de fliquette, j'avais le nez en patate et bien sûr mon portefeuilles avait disparu ! Elle commençait à me courir sur le haricot la greluche à me taper dessus sans m'écouter mais j'ai eu beau protester et tenter de m'expliquer, elle m'a traîné manu militari jusqu'au panier à salade. Elle me prenait visiblement pour un sans abri , voire pour un ivrogne ! Elle était tellement pressée de me mettre au trou qu'elle appuyait comme une dingue sur le champignon, passant tous les feux à l'orange ! Un simple quidam au volant aurait pris une prune pour moins que ça ! Quand ma Framboise qui est fille d' avocat, est venue pour me sortir de là, on lui a dit que c'était pas ses oignons et on l'a envoyée aux fraises ! Un comble non ?
Vous vous pressez peut-être le citron à essayer de comprendre comment moi, pauvre pomme sans un radis j'ai une fille d'avocat comme petite amie ? Un hasard, je vous jure, un pur hasard ! Grâce à elle, en dépit de la guigne qui me poursuit, je garde la pêche !

©A-M Lejeune